jeudi 13 juillet 2017

Règle générale, la causalité n'est pas une question tranchée au stade de l'autorisation d'un recours collectif

par Karim Renno
Renno Vathilakis Inc.

Nous avons traité hier après-midi de la décision rendue par l'Honorable Nicholas Kasirer dans l'affaire Pfizer inc. c. Sifneos (2017 QCCA 1050) pour discuter du test applicable à la demande de permission d'en appeler à l'encontre du jugement autorisant l'institution d'un recours collectif. Nous revenons aujourd'hui sur la décision pour traiter de la causalité au stade de l'autorisation. Plus spécifiquement du fait que la défense d'absence de causalité - parce qu'elle est essentiellement une question factuelle - relève généralement du mérite de l'affaire.


Dans cette affaire, les Requérantes demandent la permission d'en appeler du jugement de première instance (rendu par l'Honorable juge Martin Castonguay) qui a autorisé l'institution d'un recours collectif en faveur du groupe composé des personnes qui ont utilisé du Premarin ou du Premplus et ont subséquemment souffert du cancer du sein. La base principale du recours collectif est l'absence de divulgation complète des risques.

Les Requérantes font principalement valoir que le juge de première instance a erré en ne reconnaissant pas que la divulgation faite à des intermédiaires compétents brisait le lien de causalité.

Le juge Kasirer rejette ce moyen. En effet, il souligne que la causalité est une question factuelle et donc - en principe - un sujet pour le mérite de l'affaire. Ainsi, le juge de première instance n'a pas commis d'erreur en ne statuant pas immédiatement sur ce moyen de défense:
[17]   The learned intermediary doctrine is, by the petitioners’ own characterization, raised as a defence to the allegation that the faults imputed to them caused the respondent’s loss. The question as to whether the chain of causation between the alleged faults and her loss was broken is one that has a clear evidentiary component. In my view, the judge was not mistaken in refraining at this early stage from deciding whether, in whole or in part, the learned intermediary doctrine provides an effective defence on the facts of the case.  
[18]   The application of a defence that turns on the facts is, as a general rule, properly left to the trial judge on the merits, as the jurisprudence decided under article 575 C.C.P. and its predecessor make plain. Considering the defence of immunity that the government sought to raise at authorization in Carrier, my colleague Guy Gagnon, J.A., wrote the following for the Court: 
[37]   Au moment de l'autorisation, alors que la suffisance de la preuve n'est appréciée que de manière prima facie, règle générale, il sera prématuré de conclure qu'une défense d'immunité s'applique en faveur de l'État. Ce qui n'est qu'un moyen de défense parmi d'autres, celui de l'immunité ici invoquée par l'intimé ne peut, lors de l'examen portant sur l'autorisation, être érigée au rang de moyen de non-recevabilité. À moins de convenir que la demande à sa face même est frivole, manifestement vouée à l'échec ou encore que les allégations de faits sont insuffisantes ou qu'il soit « incontestable » que le droit invoqué est mal fondé, il me paraît, outre ces circonstances, qu'il n'est pas souhaitable en début d'analyse de décider de la valeur absolue d'un tel moyen de défense.
[19] The petitioners cite Masson v. Centre de santé et de services sociaux de St-Jérôme as proof that the 2003 warnings were adequate for the purposes of the immediate application of the learned intermediary doctrine in the present case. They are mistaken. In Masson, the Superior Court did made observations that indicate that Pfizer had adequately informed learned intermediaries of certain risks by way of the 2003 monograph warnings. But importantly, Masson was decided on another basis.  The conclusions the judge arrived at in that case – which was not a class action, which dealt with different facts and where all the evidence was in – cannot be dispositive for the purposes of authorization here. Furthermore, the case of F.L. v. Astrazenca Pharmaceuticals, p.l.c., in which the learned intermediary doctrine was accepted as a bar to authorization of a class action, is of little direct help here. Decided prior to Infineon, this case deals with a different drug and different facts.  
[20]        The application of the doctrine to any given drug and in any given setting is determined with a view to a range of circumstances, as the Supreme Court indicated in Hollis. In particular, the adequacy of a warning is in large measure dictated by the facts. The judge did not decide the factual adequacy of the warning when he wrote that the 2003 warning was “un avertissement en bonne et due forme” at paragraph [67]. In so arguing, the petitioners misinterpret the judgment given the great care the judge took, throughout his reasons, not to trench on the role of the judge on the merits. 
[21]        I am inclined to think that if the judge had excluded the application of the learned intermediary defence at the authorization stage, the petitioners would have been the first to object, arguing that the authorization judge had usurped the role of the judge on the merits.  
[22]        In sum, by leaving the determination as to whether or not the chain of causation had been broken to the trial, the judge made no “error on the face of the judgment” that would justify granting leave by the Allen standard.
Référence : [2017] ABD 277

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